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Chaud et humide
15 décembre 2013

LE BAISER ET LE FUSIL

Une autre invasion armée dans une école secondaire du Colorado, aux États-Unis. Quelques blessés seulement, mais le tireur, lui, s'est enlevé la vie. Ça s'est passé dans le même état où a déjà eu lieu le tristement célèbre massacre de Columbine, et à quelques kilomètres du cinéma où, en 2012, un tireur fou abattait 12 personnes pendant une projection de Batman. À peine 2 jours de cela, on célébrait le premier anniversaire de la tuerie de Newtown, Connecticut, où un déséquilibré amateur d'armes et d'histoires de tueurs en série massacrait élèves et professeurs dans la petite école primaire Sandy Hook.

L'an dernier seulement, 30 000 personnes sont décédées par arme à feu dans ce pays qui compte 300 000 000 armes de ce type en circulation.

Dans ce même Colorado, à Canon City, une direction d'école décidait il y a quelques jours de suspendre un élève de 6 ans. Le motif? Il a embrassé sur la main une camarade de classe. C'était la deuxième fois qu'on surprenait l'élève de 1ère année à avoir semblable comportement. Cette fois, c'en était trop. Il a été accusé de harcèlement sexuel et suspendu. Le responsable du district scolaire a expliqué aux médias qu'il était important qu'on agisse fermement face à ces « touchers non désirés ».

Trente mille personnes décédées par arme à feu. Un enfant de six ans suspendu pour harcèlement sexuel. Et s'il y avait un rapport?

Plusieurs sociologues l'ont souligné, la relation des Américains à la sexualité est puérile. On a l'impression que ce pays qui a popularisé la pornographie à grande échelle est incapable d'atteindre sa maturité sexuelle. Les USA fantasment sur une sexualité hypertrophiée que les producteurs d’Hollywood et d'ailleurs leur offrent à coup de seins siliconés géants, de gorges ultra-profondes, de godemichets invraisemblables et de pénis surdimensionnés qu'on enfonce dans des orifices les plus étroits possible. Une sexualité primaire, brutale, immature. Une sexualité fétichiste où l'artifice et le rêvé remplacent le réel et le vécu. Une sexualité qui s'accomplit selon des standards et des rites qui échappent à l'humain moyen, mais dont celui-ci rêve jusqu'à en faire des cauchemars dans un pays de plus en plus excessif dans ses démonstrations virtuelles, mais de moins en moins tolérant dans la réalité de ses pratiques.

Il n'est pas nécessaire de déterrer Freud pour comprendre que le la relation entre l'Américain et les armes est une relation empreinte de cette sexualité mal intériorisée et non assumée. Aucun acteur de porno ne peut éjaculer plus loin que l'Américain armé d'un pistolet automatique. Aucun ne peut prétendre défoncer sa conquête aussi bien que celui qui lui enfile quelques balles de son fusil mitrailleur. Personne ne peut prétendre dominer ses partenaires aussi complètement que celui qui voit les corps inertes allongés devant lui, à jamais incapable de lui résister. C'est l'orgasme ultime garanti, celui dont on rêve en secret en s'abreuvant de contes pornos « pour adultes », inconsciemment furieux et à jamais frustré d'avoir été étiqueté « délinquant sexuel » à six ans parce qu'on a fait un bisou à sa copine de classe.

Le rapport entre la violence, surtout celle par les armes, et la sexualité refoulée a déjà fait l'objet de nombreux écrits. Il faudrait maintenant qu'on s'en inspire pour repenser les rapports humains au pays de l'oncle Sam.

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