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Chaud et humide
5 mai 2014

LE COMPLEXE D'ÉLECTRE

Dans la mythologie grecque, Électre est la fille d'Agamemnon, roi de Mycènes, et de Clytemnestre. Elle aurait tué sa mère pour venger son père. Cette légende entourant le personnage d'Électre a inspiré au psychanalyste Carl Gustav Jung la notion de Complexe d'Électre, un équivalent, pour ce psychanalyste, du Complexe d’Œdipe chez Freud.

Ce Complexe d'Œdipe explique, selon Freud, pourquoi le désir pour sa propre mère met nécessairement le garçon en compétition avec son père pour obtenir les faveurs de celle-ci. Chez la fille, le Complexe d'Œdipe ne pourrait pas s'appliquer tel quel, à moins que toutes les filles ne se mettent à repousser les hommes et jettent leur dévolu sur des femmes, ce qui ne correspond nullement aux faits. Freud a donc intégré et adapté le Complexe d'Électre de Jung afin d'illustrer, pour les filles, des comportements comparables au Complexe d'Œdipe chez les garçons. À partir de là, Freud expliquera que toutes les filles vont vivre au cours de leur développement une phase où elles seront en compétition avec leur mère pour obtenir les faveurs de leur père, devenu pour elles objet de désir.

Chez plusieurs, cette phase atteindra sa résolution au cours de la première enfance et ne sera plus qu'un souvenir vite oublié. Pour d'autres, elle se prolongera plus longtemps, parfois jusqu'à l'âge adulte. Certaines, enfin, n'arriveront jamais à la surmonter totalement, alimentant ainsi une névrose qui les accompagnera tout au long de leur vie.

Quelle que soit l'importance qu'on accorde à la psychanalyse et aux explications qu'elle avance pour nous aider à mieux nous comprendre, il demeure vrai que beaucoup de femmes cherchent chez l'homme de leur vie un personnage qui ressemble beaucoup à un père idéal, ou idéalisé.

Un père aimant, d'abord : ce sera un homme rempli d'attention et de tendresse comme elles ont peut-être vu leur père l'être avec leur mère à l'époque où elles étaient enfants. C'est l'homme qu'on souhaite galant, empressé de nous aider à ouvrir une porte, monter un escalier ou porter un colis. C'est aussi l'homme aux petites attentions : des fleurs à la St-Valentin ou un souper à la chandelle le jour de notre anniversaire.

Puis ce sera aussi le père nourricier et protecteur : l'homme fort qui nous met à l'abri des menaces, qui fait reculer d'autres hommes qui nous convoiteraient, qui est puissant et riche, autant que possible, nous assurant ainsi une vie belle sans ennuis.

Ce sera peut-être enfin le père châtiant qui peut même facilement devenir excessif : l'homme qui nous réprimande pour nos erreurs, qui nous fait la morale pour nos faiblesses... celui-là à qui certaines permettront encore beaucoup plus, comme de sévir psychologiquement et physiquement contre elles si elles ne se comportent pas selon ses attentes. Et qu'on aime d'autant plus maladivement qu'il nous donne vraiment l'impression de tout faire ça pour nous.

Cet homme désiré sera parfois plus vieux. Et même beaucoup plus vieux que la femme qui le convoite. Elle voit dans cette différence d'âge un gage de sagesse et de connaissance. S'y ajoute souvent une recherche de pouvoir et de richesse. Le cliché de la jeune et blonde trentenaire assise dans une décapotable sport aux côtés d'un chic monsieur aux cheveux poivre et sel n'a rien d'un mythe, bien au contraire!  Souvent on peut croire que c'est lui qui l'a séduite, mais habituellement, c'est tout l'inverse. C'est elle qui a trouvé ce qu'elle recherchait, et qu'elle voit comme une perle rare. Séduire le père, c'est aussi l'étudiante qui séduit son professeur, ou l'employée qui séduit son patron, et la gardienne qui séduit le père de l'enfant qu'elle garde. C'est un jeu vieux comme le monde dans lequel plusieurs y retrouvent leur compte, tout comme Freud y retrouve son complexe.

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