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Chaud et humide
18 avril 2013

QUAND LA SÈVE SE REMET À COULER DANS LE CŒUR DE TOUTES LES VRAIES JEUNES FEMMES...

C'est la mi-avril et le printemps, discrètement présent depuis quatre semaines, nous ha­bite néanmoins de plus en plus. Période de renouveau, de renaissance, de résurrection, le printemps nous redonne envie de vivre après un hiver qui nous a plongés plus ou moins malgré nous dans un état profond d'hibernation. Si les érables se gorgent de sève, les humains, eux, débordent d'hormones. Comme pour toutes les autres bêtes de la création, petites ou grosses, l'invitation est forte à la reproduction!

Aussitôt que les premiers rayons tièdes du soleil balaient les terrasses, les décolletés se décollettent, les tenues moulantes moulent davantage, les mini-jupes se minimisent... et tous les yeux se mettent à zyeuter! En même temps, l'horloge biologique passe à l'heure avancée en nous rappelant que le temps file et qu'on doit se hâter pour ne pas sombrer dans l'oubli. Le corps a envie de se montrer, et d'être vu. On dirait qu'à force d'être emmitoufler pour se protéger du froid, il commençait à étouffer. La liberté lui manquait. Et maintenant que la température permet qu'il s'en offre davantage, il ne s'en prive plus et ose toutes les audaces. Les terrasses deviennent salles d'exposition, et la rue est une vitrine.

On se montre? Ou on s'exhibe? C'est une question de courage et de confiance. Certaines découvriront sans pudeur des jambes d'une longueur éternelle grimpées sur d'improbables talons aiguilles. D'autres avanceront avec générosité une poitrine dont le soutien extravagant accentue l'abondance. Quelques-unes privilégieront les effets de transparence et bien des indécences seront excusées au nom du printemps qui porte aux excès. Quelques autres, enfin, opteront pour le côté outrageusement révélateur des tissus les plus fins qui laissent deviner les moindres aspérités d'une peau encore souvent frissonnante.

J'ai envie de toi, toi de moi, et même moi de moi. C'est ce que semble exhaler chaque pore de ces épidermes avides de caresses, de frôlements, de celui d'une main, d'une lèvre ou d'un rayon de soleil. Les odeurs des corps, de plus en plus chauds et humides, se mêlent aux effluves organiques de toute cette nature en éclosion. Les muqueuses, comme les bourgeons, se gorgent jusqu'à l'éclatement, se gonflent jusqu'à l'indécent. La fièvre nourrit l'imaginaire et guide le réel. Ta peau contre la mienne, ou avec la mienne, peu importe. L'important c'est le contact. Celui des yeux d'abord, puis celui de tous les sens, dans tous les sens. Plus qu'à aucun autre moment de l'année, les mains, les doigts, ont envie de toucher, et même d'insister. L'air se parfume d'odeurs excitantes où se mélangent les notes du désir et celles du plaisir. Le temps encore frais nous garde sensible au moindre contact qui nous remplit de chaleur.

Les gens se glissent les uns contre les autres, autour des bars, ou dans les rames du métro, recherchant l'effet de l'autre, ou l'effet sur l'autre, souvent honteux, de plus en plus excités. Tout le monde feint l'indifférence, parfois même l'ignorance. Peu sont dupes. Au nom du printemps, on tolère l'abus, on apprécie l'excès, on goûte les débordements.

Après tout, c'est au printemps que l'humain et son humaine retrouvent leur plus entière animalité. Où nous communions le plus étroitement avec une nature effervescente qui met tout en œuvre pour se renouveler. On fête la sexualité et on espère la fécondité. Pâques y trouve même sa symbolique en empruntant à la déesse Ishtar (qui nous a donné « Easter » en anglais) ses lapins, coqs et autres œufs nous rappelant la reproduction, ses rites et ses plaisirs. Les plantes se gonflent et se dressent, et les sexes aussi. Et tous nous en éprouvons le désir et nous en souhaitons le plaisir.

Féline

© 2013 Chaud et humide

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