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Chaud et humide
4 avril 2013

BÉNIE SOIT LA SAINTE FLANELLE

Eh bien, soit! Ce sera une autre chronique à saveur religieuse, quitte à déplaire à certains croyants et à de nombreux mécréants. Cette fois-ci, nul besoin de lorgner du côté de la résidence du Saint-Père puisque c'est au Québec que cela se passe. Une religion que plusieurs pratiquent encore intensément, que certains rejettent dans un athéisme intolérant, et que d'autres tolèrent en allant faire leurs Pâques une fois par année, au printemps ou au début de l'été, comme jadis. C'est ainsi qu'on vit le hockey au Québec, avec plus ou moins de ferveur selon les moments, les miracles, ou les saints qu'on vénère.

Comme beaucoup de croyants iront un jour à Rome, presque tous les vrais Montréalais vont visiter un jour ou l'autre l'amphithéâtre Bell (autrefois c'était le Forum). C'est un peu moins vrai pour les Montréalaises. Bien sûr, à moins de faire partie de la curie qui habite l'ouest de la ville ou le sommet de la montagne, et qui parle couramment le latin de Wall Street, les autres iront plus rarement. Pas plus de quelques fois dans toute une vie.  Ils iront plus souvent dans une des églises du quartier où la messe aura à leurs yeux la même valeur que celle célébrée dans le grand temple : la Cage aux Sports, le Peel Pub, Boston Pizza, ou encore le sous-sol d'un chum qu'il aura décoré de symboles sacrés comme une photo autographiée de Maurice Richard, ou une statuette à grosse tête mobile de Wayne Gretzky du temps des Oilers.

Le rituel emprunte beaucoup à celui des célébrations chrétiennes : on se lève tous au même moment, et on n’hésite pas à lancer un puissant « Gloire à toi Seigneur » ou, plus prosaïquement, « en v'là une, crisse »  quand la rondelle trouve le fond du filet. Les pauses entre les périodes rappellent le sermon du curé dans les églises d'autrefois où plus d'un sortaient alors sur le perron pour griller une cigarette – mon oncle Roger, lui, en profitait pour enfiler une ou deux rasades du dix onces qu'il traînait toujours dans la poche arrière de son pantalon du dimanche en Fortrel gris. Lors de ces rituels, les femmes sont moins présentes. En fait, à part certaines rares élues, peu sont admises à jouer, et à peine davantage s'en amusent comme spectatrices. Tout comme l'Église qui a longtemps douté d'une âme chez la femme, le hockey doute du talent chez la joueuse. Considérant qu'elle n'a pas tout ce qu'il faut pour lui donner les pleins pouvoirs et l'accès à la prêtrise, on se limite à confiner la femme à un rôle d'accompagnatrice pour le joueur, ou l'amateur. À défaut d'admettre qu'elle puisse comprendre les détails de la liturgie, on lui permet un rôle de subalterne, comme la religieuse, pour accompagner et, au besoin, en uniforme pour servir les hommes : « vous êtes dans la rangée D, siège 21, dans les rouges ». Regardez-les un soir de match au Centre Bell – elles cofondent sans doute avec le centre « belle » - maquillées et habillées pour le plus grands plaisirs de leur idole, le « Habsboy » assis dans le siège à côté, ou de leur fantasme qui, en patin, célèbre la grand'messe sur la glace

Les partisans se divisent en deux camps : les orthodoxes, ceux qui sont partisans du Canadien, et les hérétiques qui favorisent d'autres équipes comme New-York, Boston ou Tampa - ce sont un peu les « Protestants » du système. Les pires, de vrais Témoins de Jéhovah – ou des Francs-Maçons – ce sont ceux qui croient aux Nordiques. Les côtoyer, c'est frayer avec Satan. Ils ont de curieuses croyances, allant même jusqu'à dire que le but d'Alain Côté en 1986 était bon! Sous la gouverne du faux pape Labeaume qui se prend pour l'Antéchrist, ils sont en train de se bâtir un temple, sans doute pour y célébrer en secret des messes noires, des mariages polygames et peut-être même des sacrifices d'enfants, on ne sait pas trop. Pour Montréal, c'est sans doute une nouvelle ère de sanglantes croisades qui se pointe sur la 20 vers l'est pour vaincre les Infidèles qui ne parlent même pas la langue de l'Église, l'anglais, comme chez nous.

Méline

© 2013 Chaud et humide

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