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Chaud et humide
12 avril 2014

ET SI NOUS OSIONS ?

Je suis une grande fille. Pas trop laide, plutôt bien foutue, qui fait encore tourner les têtes sur la rue quand j’en ai envie – bien que de moins en moins d’hommes ne se tournent désormais pour une simple femme. Je suis une grande fille, disais-je, et avec mes amies, d’autres grandes filles tout aussi bien foutues, nous avons des conversations… de grandes filles. Et à nous écouter, je ne peux que constater une chose, nous osons peu! On a beau être dans l’Amérique du XXIe siècle, à l’ère d’Internet et du web 2, 3 ou 4.0, de Netflix et du porno à volonté, je me rends compte que nous n’osons pas oser… ou très peu.

L’autre jour, nous étions trois à parloter autour de quelques sushis et d’un verre de Chablis. L’une de nous trois avait vu le film « la vie d’Adèle » en France lors d’un voyage d’affaires cet hiver; il paraît, d’ailleurs, que c’est tout indiqué pour réchauffer les nuits fraîches et humides des vieilles maisons de pierre lors des nuits de mi-janvier. L’autre copine, Marie-Soleil, l’avait vu la veille chez un copain qui avait piraté le film. Moi je ne l’ai jamais vu, mais la conversation m’a rendue assez curieuse pour que je le loue lors d’une prochaine visite au club vidéo – je suis de la vieille école, question téléchargement.

Quoiqu’il en soit, après s’être entendue sur le caractère particulièrement léché des images de ce film où, paraît-il, les gros plans abondent sans que rien ne soit laissé à l’imagination, mes deux amies se sont retrouvées à discuter de l’effet que ces images et cette histoire avait eu sur elles. Sandrine, celle qui l’a vu en Europe, m’a dit qu’elle s’était sentie quasi fiévreuse pour près de 24 heures après le visionnement. Excitée, même si jamais elle n’a eu le moindre doute de toute sa vie sur son hétérosexualité. Elle nous a avouées avoir eu envie de se laisser jouir de cette manière, sous d’autres doigts, d’autres lèvres, sous une femme. Mais du même coup, elle se ressaisit en affirmant net que jamais elle n’oserait dans la réalité.

Marie-Soleil avait vécu le film d’une toute autre manière. En compagnie de son copain, le tout s’était terminé bien autrement, on peut s’en douter. Mais elle se laissa aller à nous confier que c’est dans les sons, les bruissements, les glissements et les gloussements de plaisir qu’elle trouva son compte. « Jamais bruits d’amour ne m’ont autant stimulée » nous confia-t-elle. « Je me suis rendu compte que j’étais une auditive. Chaque son, tous les sons, éveillaient mon corps comme autant de caresses bien dirigées. J’ai fermé les yeux et c’est devenu pire que tout. Je ne me possédais pu. En fait, je venais de me rendre compte que rien ne m’excitait autant que les lamentations d’une femme au bord de l’orgasme et les cris de sa jouissance! Jamais je n’aurais cru et, juste à vous le raconter, je sens mon cou et mes joues rougir. J’ai presque honte. »

Et la conversation s’est ainsi poursuivie sur ces divers sujets que, curieusement, on hésite encore à aborder ouvertement aujourd’hui. On s’est parlé d’homosexualité que nous n’osions pas nous permettre, et d’autres gestes que, bien que modernes et ouvertes, sans doute même plus que la moyenne, nous ne nous permettions pas. Unanimement, nous avons mis au sommet de la pyramide cette envie si souvent freinée qui nous assaille dans le feu de l’action et qui nous fait désirer d'enfoncer un ou deux doigts loin dans l’anus de notre amant juste au moment où il éjacule, et pour parfaitement ressentir les contractions de sa prostate au moment de son orgasme. Curieusement, c’était un fantasme qui faisait l’unanimité sur deux plans : il nous excitait au plus haut point, et jamais nous n’oserions… du moins, pas tout de suite.

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